LabRadar : pour aller plus loin ?

Une discussion récente sur les chronographes m'a permis de me rendre compte qu'il me restait ça en stock. Des fois que ça intéresse quelqu'un...

LabRadar : pour aller plus loin ?

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Indispensable pour certains, totalement inutile pour d'autres, la mesure de la vitesse initiale des projectiles développée par nos munitions est à la portée de tous depuis la démocratisation des chronographes électroniques. Avec l'introduction de la technologie du radar Doppler accessible aux particuliers, le LabRadar est un peu plus qu'un simple chronographe.

Une évolution constante

A l'origine était le pendule balistique, invention de B. ROBINS. Ingénieur et mathématicien britannique, il est surnommé le « père de la balistique moderne ». Élaboré en 1742, ce système a permis de mesurer la vitesse d'un projectile de fusil en prenant pour principe la conservation de la quantité de mouvement et de l'énergie mécanique. Son fonctionnement est simple : une balle est tirée dans un bloc (le pendule) suspendu par deux tiges. Connaissant la masse du projectile et du pendule, l'amplitude maximale de l'oscillation du bloc est relevée. Avec l'application d'une formule mathématique, la vitesse de la balle à l'impact peut ainsi être déterminée.

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La manipulation des menus de paramétrages demande un peu de pratique, mais à l'usage, on s'y retrouve vite

Citons le chronographe « Le Boulangé » utilisé par la Commission d'expériences de l’École Normale de Tir : utilisé notamment pour déterminer la V25 des balles ordinaires de la cartouche Mle 1886 M. Le départ du coup est mesuré soit par rupture d’un fil de cuivre, soit à l’aide du « vibrateur de Versailles » qui induit un retard systématique, donc une surestimation de la vitesse. L’arrêt du chronographe se fait lorsque le projectile impacte la plaque cible. Il semble que le « vibrateur de Versailles » ait été introduit en remplacement « du fil coupé » au moment de l’adoption de la Balle Mle 1898D car on craignait que la balle pointue ne coupe pas le fil de manière aussi régulière qu’avec la balle Mle 1886M et son large méplat. A ce propos, la Commission d'expériences a émis des réserves sur les résultats obtenus  : « un instrument capricieux dont le réglage et l'emploi sont des plus délicats » (1).

L'avènement de l'électronique a permis d'ouvrir d'autres possibilités. Avec la miniaturisation des éléments et l'augmentation des performances, de nombreux appareils ont été proposés aux tireurs / rechargeurs pour mesurer la vitesse de ses munitions. Appelée chronographe balistique (un chronographe est une montre mesurant un intervalle de temps), les termes « tachymètre » ou « cinémomètre » seraient étymologiquement plus appropriés, mais son usage est resté. Il existe une multitude de modèles, qui ne se sont vraiment démocratisés auprès des utilisateurs que depuis un peu plus de 30 ans. Le principe est ici aussi très simple : le projectile passe au-dessus d'un premier capteur qui déclenche la prise de mesure, puis d'un second qui la stoppe et permet de déterminer un temps de vol. En fonction de l'écart entre ces deux capteurs, la vitesse est calculée : plus cette distance est importante, et théoriquement meilleur sera le résultat. Ces derniers sont constitués par des photodiodes qui restent sensibles aux conditions de luminosité ambiante. À cette caractéristique particulière, il faut aussi ajouter la distance entre la bouche du canon et le premier capteur, sensible au souffle et à l'éventuelle flamme de bouche, ainsi qu'au centrage et hauteur de passage du projectile entre les deux photodiodes. En pratique, le résultat affiché peut s'écarter sensiblement de la réalité, la plupart des chronographes ayant tendance à majorer les mesures obtenues. Sans doute le plus performant, même si parmi les plus anciens, les chronographes Oehler modèle 35 et 43 disposent de trois capteurs, ce qui permet de calculer une moyenne supplémentaire et de déterminer un indice de fiabilité.

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Exemple de fichier ASCII extrait d'une prise de mesure avec radar professionnel WEIBEL


Si les photodiodes restent sujettes à caution, d'autres solutions ont été proposées, avec plus ou moins de bonheur. C'est le cas des chronographes à base de capteurs acoustiques. Plutôt que de déterminer le passage de la balle par la détection de son ombre, c'est l'onde sonore qui déclenche le calculateur, à la condition que celle-ci soit supersonique. Ce système est donc inopérant avec toutes les munitions subsoniques. Le « SuperChrono » Steinert reprend ce principe. Son utilisation démontre rapidement qu'il est très sensible à son positionnement par rapport à l'axe de tir, pouvant aboutir à des résultats incongrus.
Parmi les derniers arrivés sur le marché, le Magnetospeed constitue indéniablement une avancée en la matière. Basé sur un capteur électromagnétique, il se fixe à l'extrémité du canon et donne semble-t-il des mesures plus conformes à la réalité. Son excellent rapport qualité/prix ne doit pas cependant faire oublier que la fixation sur certains types de canon peut être problématique. L'ajout d'une masse supplémentaire à l'extrémité du tube peut aussi entraîner une modification du régime vibratoire et un déplacement et / ou une variation de la dispersion du groupement.

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Même écarté de 45 cm du frein de bouche, le LabRadar peut être secoué par le souffle du départ du coup : ici le capot du logement des piles a été éjecté

Le radar Doppler

Le marché des radars Doppler à des fins de mesures balistique est longtemps resté l’apanage des organismes professionnels. Leur coût à l'achat les placent d'emblée hors de portée de l'amateur. En fonction de la puissance de l'antenne, les prix s'envolent : il faut compter 80 000 € pour un modèle permettant la poursuite correcte d'un projectile de calibre 7,62 mm jusqu’à 1 000 à  1 100 m, plusieurs millions d'euros pour ceux qui arrivent à poursuivre une balle de 12,7 mm à plus de 4 000 m.

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Le LabRadar s'oublie lors des séances de tir, mais il permet immédiatement de savoir si un écart en hauteur est dû à une variation de la vitesse initiale à longue distance

Le radar est un système qui émet des ondes par paquets et attend ensuite leur retour lorsque qu'elles sont renvoyées par la partie arrière de l'objet poursuivi. Lorsque la cible se déplace, elle produit l'effet Doppler, créant un décalage de la fréquence de l'onde entre la mesure de l'émission et de la réception. Ces mesures sont ensuite traitées par un calculateur qui permet de déterminer la vitesse radiale de l'objet mobile sur sa trajectoire, jusqu’à ce que le signal de retour soit perdu ou considéré comme insuffisant.
En Europe, la société danoise Weibel est parmi les plus connues alors qu'en Amérique du Nord, les Canadiens de Infinition Inc. semblent leader sur ce marché.
La mise en œuvre d'un radar Doppler professionnel nécessite des techniciens spécialisés pour une installation rigoureuse : la prise de mesures est un métier à part entière… La puissance des antennes est dangereuse pour les opérateurs, toute émission doit être précédée de l'évacuation du personnel, confiné en zone sécurisée. L'exploitation des données obtenues par le radar permet l'édition d'un fichier au format ASCII qui comportent toutes les caractéristiques des mesures, entre-autres : la masse et le diamètre du projectile, les distances entre l'antenne du radar et celle de la bouche du canon, la distance de mesure, le temps de vol, la vitesse restante, l'accélération, le signal sur bruit. La précision de ce matériel est donnée pour 0,1 %, avec des résolutions de 6 chiffres après la virgule tant en secondes qu'en mètres. A partir des données obtenues, il peut être déterminé les coefficients de traînée, les indices de forme et les coefficients balistiques dans tous les domaines de vol.


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L'utilisation d'un Powerbank avec prise Mini-Usb est largement préférable à celui de piles, celles-ci se déchargeant très rapidement

Des performances intéressantes

L'annonce par Infinition Inc. de la sortie d'un radar Doppler destiné aux particuliers n'a pas manqué d'attirer l'attention de nombreux tireurs. La commercialisation s'est longtemps fait attendre, si bien que beaucoup se demandaient s'il ne s'agissait que d'un effet d'annonce ou que la mise à disposition d'un tel système à un tarif raisonnable était peine perdue. Mis sur le marché il y a maintenant plus de trois ans, le succès commercial est indéniablement au rendez-vous, à juste titre d'ailleurs…

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La version US et canadienne du LabRadar comporte deux modes d'émission, la version européenne est bridée, seul le mode d'émission basse est disponible. La différence entre ces deux modes est d'environ 20 à 30 % de distance de suivi supplémentaire pour le modèle US avec le même niveau de SNR



Mais comment peut-on proposer à des particuliers une technologie qui coûte normalement plusieurs dizaines de milliers d'euros ? Tout d'abord en baissant les performances. Il n'est pas question ici de poursuivre des projectiles jusqu’à 600 m. La notice indique une capacité de 40 à 60 yards (36 à 55 m) pour les projectiles de diamètre 5,56 mm, de 80 à 100 yards (73 à 91 m) pour ceux de 7,62 mm, et 100 à 130 yards (91 à 118 m) pour ceux de 9 mm. Théoriquement, plus la surface sur laquelle va rebondir l'onde émise par le radar est importante, plus la distance de poursuite augmente. Ces données sont cependant à pondérer : pour le marché européen et ses normes plus restrictives en matière d'émission d'ondes, les LabRadar importés sur notre continent sont volontairement bridés. La puissance de l'antenne est ainsi réduite ce qui limite quelque peu les distances annoncées dans la notice.


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La plage de vitesse détectable est donnée de 20 à environ 1 200 m/s, il est donc possible de l'employer pour mesurer des flèches ou des billes d'Airsoft. Peu de nos calibres usuels dépassent le seuil de 1 100 m/s, ce qui le rend adapté à l'ensemble des vitesses de nos munitions. Je n'ai pas encore eu l'occasion de tester mon exemplaire avec un de mes canons chambré en .220 Swift. Avec une V3 mesurée à plus de 1 250 m/s pour une balle de 52 gr avec mon ancien chronographe Pact PC2, il aurait été possible de vérifier la limite de capture de la vitesse maximale du LabRadar : ce sera l'objet d'essais complémentaires.

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La précision est donnée pour 0,1 %, soit 1 m/s jusqu'à 1 000 m. Je dois dire que j'étais plutôt dubitatif devant cette performance. L'utilisation simultanée de 2 ou 3 LabRadar m'a globalement convaincu de la chose. Sur les nombreux essais comparatifs effectués, 2 à 3 tirs peuvent varier de 1 à 2 m/s maximum sur un échantillon de 10 coups : ce n'est pas exactement une précision de 0,1 %, mais on en est quand même pas trop loin…
Le LabRadar est équipé d'un écran rétro-éclairé où l'opérateur peut configurer son système. Certains paramètres sont importants pour pouvoir exploiter correctement l'appareil. Passons rapidement sur le choix des unités de mesure, qui peuvent toutes être programmées en unité métrique (vitesse en m/s, distance en m, et masse en g,). Il est essentiel de sélectionner la bonne plage de vitesse de mesure : soit arme de poing (de 75 à 525 m/s), soit arme d'épaule (plus de 300 m/s), en passant même par l'archerie (de 20 à 225 m/s).
La distance entre le Labradar et la bouche du canon doit être précisée. Seules trois distances sont proposées : 6'', 12'' et 18'' (15, 30 et 45 cm).
Un radar Doppler poursuit le projectile avec une certaine fréquence jusqu’à ce que le signal de retour soit considéré comme perdu. Toutes ces informations peuvent être sauvegardées sur une carte mémoire de type SD ou SDHC. L'écran du LabRadar permet de sélectionner 5 distances au choix de l'utilisateur, la première étant affichée en grand sur l'écran. La masse du projectile peut aussi être renseignée. Elle ne sert qu'au calcul de l'énergie cinétique et n'a aucune influence sur la capacité de poursuite ou les performances de l'appareil.

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Un exemple d'exploitation des données : .22 LR CCI Standard dans Ruger RPR à 50 m.
L'analyse des fichiers au format CSV individualisé par coup indique le SNR, ou signal sur bruit. C'est le meilleur indice de fiabilité de la prise de mesure.
Autant dire que si c'est inférieur à 15 Db, la mesure n'est globalement plus fiable. Il est cependant trés fastidieux d'ouvrir chacun des fichiers individualisés, surtout sur des séries de 50 cartouches.

Lorsqu’une carte mémoire est présente dans l'appareil, elle génère automatiquement des fichiers en fonction de ce qui est pris en compte. Chaque série est composée d'un ou plusieurs coups détectés par le microphone. Le répertoire racine dénommé « Lbr » contient autant de répertoires que de séries tirées. Ceux-ci sont nommés SR00XX, les deux derniers chiffres correspondants chronologiquement au numéro de la série. Le répertoire de chaque série contient un fichier avec l'extension « lbr » propre au LabRadar, un fichier « Report » au format CSV (2) et un répertoire « TRK ». Le fichier REPORT récapitule l'ensemble des coups tirés avec quelques calculs statistiques. Le répertoire TRK contient un fichier au format CSV nommé « Shot0XX Track» dont les deux derniers chiffres correspondant chronologiquement aux coups tirés.


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Il est beaucoup plus simple d'exploiter le fichier de rapport de la série. Celui-ci comporte les vitesses restantes aux distances programmées initialement. Dans ce cas, il s'agit de V0 (par défaut évidemment), V10, V20, V30, V40 et V50.
En pratique, certaines vitesses affichées à l'écran sont erronées. Il convient donc de procéder à un tri de ces données pour essayer de les fiabiliser au maximum en éliminant les coups « anormaux ».

Lorsque le LabRadar est armé, c’est-à-dire qu'il envoie des ondes et reste à l'écoute d'un retour, la prise en compte d'un tir est déclenchée par un microphone interne qui détecte le départ du coup. En fonction du positionnement de l'appareil par rapport à la bouche du canon, de la configuration de l'arme (frein de bouche, réducteur de son), et du type de munition, la détonation est plus ou moins importante. Il est donc possible de régler la sensibilité de détection du microphone (5 niveaux). Cette caractéristique est aussi importante pour éviter la détection intempestive de départs de coup de tireurs jouxtant votre position. Dans le cas d'une utilisation avec des munitions ayant une faible signature sonore, (22 LR, munitions subsoniques tirées avec un RDS), il est possible de brancher un microphone externe disponible en option, plus sensible que celui interne du LabRadar. Une dernière option permet de faire fonctionner l'appareil en mode d'émission continue sans détection de départ de coup. A ce moment tout projectile rentrant dans le cône d'émission du radar sera pris en compte. Ce système est particulièrement adapté à l'archerie. Il a cependant pour désavantage de considérer comme V0 la distance où le projectile va rentrer dans le cône d'émission, produisant un décalage de toutes les mesures. La détermination de la distance réelle à laquelle le projectile est pris en compte reste aléatoire, l'opérateur ne pouvant raisonnablement visionner l'angle d'émission.

Une mise en œuvre plutôt laborieuse

L'orientation du LabRadar en direction de la cible peut s'effectuer à l'aide d'un pointeur laser, d'un collimateur ou à défaut, avec le corps d'un stylo à bille placé dans la fente de visée sur la partie supérieure de l'appareil. Mais quel que soit l'aide au pointage utilisée, elle ne permet en aucun cas d'assurer une prise de mesure aux distances maximales. Très souvent, des ajustements sont nécessaires. Si la détection du départ du coup ne pose globalement pas de problème, il en est tout autrement pour le suivi du projectile. Le LabRadar prend en compte les vitesses restantes pour les 5 distances choisies par l'utilisateur et les affiche sur son écran à la condition que le retour soit considéré comme suffisamment fiable. En pratique, lorsque le signal sur bruit ou « SNR » (Signal on Noise Ratio) est inférieur à 10 dB, la mesure n'est plus affichée à l'écran, ni prise en compte dans le fichier résumant la série dénommée « Report ». En revanche, elle est toujours indiquée dans les fichiers individuels de chaque tir  qui affichent la vitesse tous les 80 cm environ. Le rapprochement entre fichier REPORT et TRK permet de constater qu'un SNR inférieur à 15 dB devient sujet à caution concernant la fiabilité de la vitesse retenue.
Sur une installation fixe, une fois l'orientation de l'appareil trouvée, son positionnement est reproductible et il n'y a plus qu'à tirer… Mais lorsqu’on est obligé de changer continuellement de poste de tir, et à fortiori sur un champ de tir en plein air, il n'en est pas de même ! Ces problèmes d'orientation du LabRadar par rapport à la cible sont récurrents et peuvent être rapidement source d'agacement. De légers ajustements de quelques centimètres en direction et en hauteur améliorent généralement la chose. Mais il faut bien l'avouer, du moins dans mon cas, on procède par tâtonnements et, sauf heureux hasard, les premières cartouches de la série n'excèdent pas les 40 à 60 m de capture.
Le LabRadar est taraudé à sa base pour permettre son montage sur tout support d'appareil photo. Il est possible d'acquérir en option un support métallique de forme carré de la marque comportant une rotule. Si son utilisation sur terrain plat et ferme est bien adaptée, il est beaucoup plus problématique sur terrain accidenté. Lorsque ce support n'est pas stable, le LabRadar bouge au départ du coup, souvent dû à l'effet de souffle de la bouche du canon. C'est une cause supplémentaire de dégradation du signal de retour du radar. La solution est simple : il suffit de commander sur un des sites de vente en ligne bien connu un trépied photo dont la fabrication asiatique ne fait aucun toute, mais dont les performances sont bien suffisantes au regard des prestations demandées et du prix affiché.

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De quelle façon déterminer ces coups anormaux ? Il suffit de retravailler le fichier CSV sous un tableur et d'effectuer quelques calculs supplémentaires comme une soustraction de la V0 par la V10, de la V10 pour la V20, etc...
En bas de chaque colonne, il est rajouté le calcul de l'écart-type et de la moyenne.

On prendra soin de disposer le LabRadar à distance respectable du souffle provoqué par les calibres puissants et les freins de bouche. A terme, l'appareil peut être endommagé. Mon exemplaire en a d'ailleurs peut-être fait les frais. Après près de 2 ans d'utilisation intensive (plusieurs milliers de coups du .22 Lr au 12,7x99 OTAN), un message d'erreur s'affichait sur l'écran dès que la température ambiante dépassait 15°C, empêchant toute mesure. Après contact directement auprès de TCK LLC, service après vente du LabRadar situé aux États Unis, il m'a été proposé d'expédier le radar pour réparation alors que ce dernier était hors garantie. J'ai reçu en moins de 10 jours mon exemplaire, qui depuis fonctionne parfaitement, sans avoir rien payé. Un bel exemple de SAV...

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Avec les armes ayant une faible signature sonore, comme cette Ruger RPR en .22 LR, l'ajout d'un microphone externe permet de mieux détecter le départ du coup


Avec l'habitude, la configuration du LabRadar est rapide. On évite ainsi les problèmes d'affichage de vitesses farfelues lorsque l'appareil est réglé pour la plage de mesure pour arme de poing au lieu d'arme d'épaule et vice-versa. L'absence de détection du départ du coup est normalement solutionnée en augmentant la sensibilité du microphone interne, ou en installant un modèle externe.

Plus qu'un simple chronographe

Mis à part le Magnetospeed qui donne la V0, les autres chronographes indiquent seulement la vitesse à la distance où sont situés les capteurs, généralement de 1 à 3 mètres de la bouche du canon. Il ne s'agit donc pas véritablement de la V0. Celle donnée par le LabRadar est une extrapolation par rapport aux vitesses relevées à partir du moment où les projectiles rentrent dans le cône de détection du radar. Les fichiers TRK de chaque tir indiquent une première distance de détection moyenne de 5 à 12 m en fonction de la position de l'appareil. La V0 est ensuite déterminée par régression linéaire. Mais au-delà de donner une V0 fiable, ce qui est parfois loin d'être le cas des chronographes concurrents, notamment à diodes, le LabRadar permet d'obtenir bien plus d'informations. Même si leur réelle utilité est toujours discutable, il n'en demeure pas moins que l'exploitation des données relevées peut en effet permettre d'obtenir un élément qui intéressera en premier lieu les tireurs à longue distance ou les amateurs curieux.
En disposant de deux vitesses sur une distance relativement espacée (au moins 50 mètres), la détermination d'un coefficient balistique est donc possible, même s’il est évident qu'elle comporte certaines limitations :
- les données ne sont valables que pour l'arme et les conditions atmosphériques d'essai ;
- les relevés du LabRadar ont une fiabilité d'environ 1 à 2 m/s ;
- la détermination du coefficient balistique est dépendante du logiciel de balistique utilisé ;
- le coefficient balistique déterminé n'est valable que pour la plage de vitesse et le domaine de vol considérée et reste dépendant du modèle de fonction utilisé (G1, G7 ou autres).
Il n'y a donc pas de miracle à attendre d'un tel système, cependant les données obtenues sont tout de même intéressantes. Même si le coefficient balistique n'est pas parfaitement conforme à la réalité, il s'en approche normalement, et sera à comparer à ceux indiqués par les fabricants.

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Enfin, l'analyse des moyennes et écart-types, notamment des différences de vitesses de 10 m en 10 m, permet de supprimer les lignes anormales. A la fin, on se retrouve avec un nombre de coups retenus plutôt réduit, d'où l’intérêt d'avoir un échantillon le plus important possible.

Un coefficient balistique est censé varier en fonction de la vitesse restante et du domaine de vol, alors que le modèle utilisé n'est peut-être pas adapté. Cette inadaptation ne peut être déterminée qu'avec un radar Doppler dont la puissance de l'antenne permet de suivre la trajectoire de la balle successivement dans les domaines supersonique, transsonique et subsonique, la courbe de Cx pouvant être correctement établie. Ce n'est évidemment pas le cas du LabRadar… Un coefficient balistique varie aussi d'une balle à l'autre, ce qui est mis en évidence par l'analyse de plusieurs séries d'un même lot de munitions tirés dans la même arme, avec des conditions météo semblables. Tout cela pour dire qu'un Cb ne peut être qu'approximatif !

En pratique, une détermination de ce coefficient au centième est suffisante pour le domaine supersonique. Que ce soit avec la fonction G1 ou G7, le calcul de trajectoire avec les vitesses relevées et le Cb extrapolé doit permettre l'établissement d'une table de tir jusqu'à la limite du domaine supersonique, soit 600 à 1 000 m en fonction de la munition. Pour obtenir de meilleurs résultats dans les domaines transsonique et subsonique, il est préférable d'alimenter son logiciel de balistique avec des coefficients adaptés, soit issus de données Doppler, soit affinés en fonction des constatations sur le terrain.

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Il suffit ensuite de calculer le Cb avec un logiciel dédié, tel QuickTarget (l'exemple donné ici se rapporte au chargement du tableau n°2). Il est bien évidemment possible de procéder à des calculs à des distances moindres lorsqu’on considère qu'il n'y a pas encore de coups anormaux et de comparer ceux-ci au résultat final.

Si la précision et la fidélité de la vitesse initiale constituent un des atouts majeurs du LabRadar, il convient cependant d'émettre préalablement quelques réserves quant aux résultats obtenus. Comme tout instrument, celui-ci a des incertitudes de mesure qui sont majorées lors d'une utilisation en conditions non stabilisées, notamment le tir en plein air. La puissance d'émission de ce radar reste limitée, passée une certaine distance, les valeurs relevées ne peuvent plus être considérées comme suffisamment fiables. Ainsi le dépouillement des fichiers individuel « Track.CSV » permet de déterminer le seuil à partir duquel les données ne peuvent plus être considérées comme sûres. Le dernière colonne indique le « SNR » ou signal sur bruit. Il est exprimé normalement en décibel. Lorsque qu'il passe sous les 15 dB, on constate souvent des incohérences de vitesse, celle-ci pouvant augmenter au lieu de diminuer progressivement, ce qui est évidemment impossible pour des projectiles qui ne sont pas autopropulsés. On peut ainsi fixer la limite de distance et de vitesse correspondante à prendre en compte pour le calcul du coefficient balistique. Après de nombreux essais entre mode d'émission normal (USA et Canada) et réduit (Europe), le mode le plus puissant permet de poursuivre les projectiles environ 20 à 30 % plus loin que l'autre en se fixant comme seuil 15 dB.

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Ou par dichotomie si votre logiciel ne dispose pas de cette option, ici Applied Ballistics Analytics de B. LITZ

L'orientation du LabRadar par rapport à l'axe du canon et de la cible revêt une importance certaine lorsque l'on cherche à maximiser la distance de suivi. L'utilisateur veillera donc à noter les données de température, de pression atmosphérique et, dans une moindre mesure, d'humidité relative, et leur évolution au cours de la séance de prise de mesure. La configuration du LabRadar est évidemment primordiale pour obtenir des résultats corrects, notamment la plage de vitesse attendue (pistolet / carabine) et l'écart de positionnement entre la bouche du canon et le radar. L'exploitation des données, outre d'obtenir la moyenne, l'écart type et l'écart maximum des vitesses, permet surtout de tenter de déterminer un coefficient balistique pour le projectile utilisé dans le fusil particulier qui l'a tiré. Évidemment, celui-ci sera limité à la plage de vitesse considérée, le modèle  calcul choisi ne collant pas forcément à la courbe de Cx, phénomène aggravé lors des transitions des zones supersonique, transsonique et subsonique. Le calcul du coefficient balistique est en théorie simple, lorsque l'on dispose d'au moins deux relevés de vitesse fiable espacé d'au moins 50 m : il suffit d'utiliser un logiciel de balistique. Préalablement, il convient de rentrer tous les paramètres notés au moment du tir (météo, arme, projectile).

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Pour connaître les différences de vitesse en fonction des lots, des conditions météo ou de l'état du canon, il suffit de récapituler ces données dans un tableau.

On peut procéder de deux manières :
- soit le logiciel dispose d'une option permettant un calcul automatique en rentrant quelques variables : distance et vitesse de départ, distance et vitesse d'arrivée ;
- soit on procède par dichotomie en faisant varier le coefficient balistique, la vitesse initiale restant la même, en comparant les vitesses restantes et temps de vol avec celles indiquées par le LabRadar.

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Tableau n°1 : Relevés LabRadar Rem 700 .338 Lapua Magnum RUAG BO 252 gr, les vitesses sont exprimées en m/s
Pour connaître les différences de vitesse en fonction des lots, des conditions météo ou de l'état du canon, il suffit de récapituler ces données dans un tableau.

Le calcul de Cb à partir de deux vitesses n'a rien d'une nouveauté, déjà un mode de calcul simplifié avait été présenté par le docteur DOCHE dans un ancien numéro des Cahiers du pistolier faisant appel à la fonction « ln » des calculatrices scientifiques et à la constante « 2770 ». Depuis, de nombreux programmes de balistique proposent cette option avec des modes de calculs différents. A titre d'exemple, le tableau n°1 indique les vitesses obtenues pour un échantillon de 15 cartouches de .338 Lapua Magnum de marque RUAG avec balle ordinaire FMJ-BT de 252 gr (16,33 g) tirée dans une Remington 700. A partir de 80 m, les fichiers TRK indiquent un SNR de 15 dB, il est à peine de 10 dB à 100 m. Le tableau n°2 récapitule les Cb obtenus avec trois logiciels (3) et la méthode Doche reprise par le Petit Traité de Tir de P. BREUVART. Le Cb moyen retenu, et vérifié jusqu'à 1 000 m sur plusieurs séances de tir pendant 2 ans pour le lot mesuré et avec 5 fusils différents, est « en moyenne » de 0,320 pour la fonction G7. Il est à comparer à celui annoncé par le fabricant de 0,335...
Il est évidemment préférable d'écarter toute mesure incohérente comme indiquée dans l'exemple illustré ci-contre, une mauvaise interprétation peut aboutir à des résultats erronés et une table de tir faussée, le remède devenant pire que le mal…


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Tableau n°2 : Comparatif de calcul du Cb pour la fonction G7 selon les vitesses du tableau n°1 (donnée RUAG 0,335).

Conclusion

D'un coût très supérieur à tous les autres chronographes du marché (comptez de 700 à 800 €), le LabRadar n'est pas forcément destiné à tout le monde. Sa mise en œuvre et sa configuration demandent un minimum de connaissances pour avoir des mesures fiables. Il n'est pas sans défaut, mais une utilisation correcte permet d'obtenir des données tout à fait pertinentes pour déterminer un coefficient balistique valable, avec cependant toutes les réserves émises précédemment. Il n'en demeure pas moins que c'est un outil tout à fait intéressant au regard de ses performances. Qui aurait songé, il y a 10 ans seulement, que la technologie du radar Doppler serait accessible à des particuliers ? Bien que son prix le limite à un achat à plusieurs ou au niveau du club, son exploitation le réserve à des amateurs éclairés ou de tir à longue distance. Rappelons enfin que tout coefficient balistique et sa fonction n'ont de valeur que s'ils sont vérifiés in situ, c’est-à-dire par des tirs effectifs sur cible papier !


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L’œil observateur et averti aura reconnu un terrible .408 CheyTac !
Non ? Ah bon...


(1) Note au sujet de la variation des propriétés balistiques des lots types de cartouches Mle 1886 D, Commission d'expérience, École Normale de Tir, Chalon en Champagne, 1er septembre 1907

(2) L'extension « CSV » pour Comma Separated Values est un format de fichier texte comportant des valeurs séparées par des virgules dont on peut facilement importer les données par des tableurs tels qu'Excel ou LibreOffice Calc.

(3) https://www.jbmballistics.com
https://www.quickload.co.uk
http://www.mankonit.free.fr

Et tu à pu placer cet ENORME post en 2 minutes, y à un truc?

carlos60 a écrit:Et tu à pu placer cet ENORME post en 2 minutes, y à un truc?

La légende raconte que cb45400 serait en fait une entité numérique recueillant toutes les informations possibles afin de nous instruire, pauvres mécréants que nous sommes. Ça n'a jamais pu être prouvé cependant...

Encore un super article sur du matériel que nous croisons peu (en tous cas, sur nos pas de tir usuel). Toujours un régal à lire

Mention spéciale à la carabine en .408CT rechambrée en 5,56x15R pour l'occasion

titi.4600 a écrit:La légende raconte que cb45400 serait en fait une entité numérique recueillant toutes les informations possibles afin de nous instruire, pauvres mécréants que nous sommes. Ça n'a jamais pu être prouvé cependant...

Encore un bel article, fort intéressant !

Comme pour tous les articles techniques précédents, bravo

Excellent papier !
Tu l'as publié dans la presse spécialisée, j'imagine ?

En tout cas je comprends mieux tes critiques vis à vis du cinémomètre chinois. Le niveau d'exigence du TLD n'a rien à voir avec celui de l'encartoucheur amateur pour armes de poing.

Et tes mises en garde sur la rigueur nécessaire à son installation refroidissent mon enthousiasme pour équiper le club.

Cet appareil ne peut servir qu'au pro du tir, jamais je ne serai capable de faire ce genre de tir,
pour moi ça reste un amusement et le rechargement est un moyen de limiter l'usure de mes vieilles buses et en même temps d'amélioré leur précision

comme tout tes articles
pour ton partage de tes connaissances

Très pointu, comme d'habitude

Je ne recharge pas & je ne pratique pas le TLD, sujet très intéressant & instructif à lire....comme tous les articles de CB

@ Titi = CB serait en fait un "cloud", un ordinateur quantique ?

Seule une poignée de personnes sauront le pourquoi du comment de cette phrase

carlos60 a écrit:Et tu à pu placer cet ENORME post en 2 minutes, y à un truc?

Tout simplement parce que je prépare d'avance la rédaction du sujet, et qu'il est d'abord publié sur un autre forum (privé) d'un de mes CSA.

Il me suffit d'éditer le message de ce forum, de le copier, et de coller sur celui-ci ici : aucun tour de magie...