Procédure pour test de munitions

Bonjour à tous,

Je suis avec attention les résultats des tests de munitions de plusieurs d'entre vous et je les remercie au passage pour ces précieux partages. Seulement une question subsiste : comment faites-vous entre chaque références testées pour nettoyer et préparer vos canons à la munition suivante ? Avez-vous une procédure particulière car certaines munitions sont très grasses et, au contraire, d'autres sont très sèches ?

Pour ma part et à la carabine, je passe deux patchs secs et je tire au moins une dizaine de munitions de la nouvelle référence avant d'entamer vraiment le test par lui même... Je me demande si cela est suffisant car en arme de poing et avec un RansomRest, je me rends compte que parfois il en faut beaucoup plus pour que ça recommence à grouper...

Merci d'avance pour vos conseils et expériences

Tu peux utiliser le protocole de feu Jean-Louis Espinet (The Pigman) de nettoyage et de reconditionnement du canon de ta carabine.

CB45500 avait également écrit un article très intéressant sur le nettoyage des canons.

Voici l'article de JLE, bonne lecture :

Plaidoyer pour une petite balle en plomb.
Écrit par The Pigman


Il faut tuer le mythe selon lequel un canon de 22 LR ne se nettoie pas !

La raison de mon plaidoyer :

Vendredi dernier un tireur (ou était-ce une tireuse) ISFF m’avait demandé d‘apporter à Vitrolles mon endoscope pour examiner ses 2 carabines 22 LR. L’endoscope, vous savez, c’est un appareil optique très long qui permet d’aller examiner l’intérieur de certains objets, dans notre cas, des canons.
Comme je n’aime pas rentrer mon appareil dans quelque chose de pas très propre, j’ai commencé par passer 2 patchs sec dans le canon. Tiens, ça accroche pas mal. Pas bon signe ! Ensuite j’ai chambré une cartouche et essayé de l’extraire. L’extracteur n’arrivait pas à sortir la cartouche ! Encore moins bon signe, d’autant que le verrou semblait en parfait état !
En examinant l’intérieur du canon, horreur de chez horreur ! Un des plus beaux anneaux de plomb que je n’ai jamais vu à la sortie de la chambre, juste avant la prise de rayures.
En plus, sur une longueur d’environ 20 cm, le fond des rayures était plein d’un dépôt granuleux gris foncé !


Ces 2 carabines ont été entretenues selon les conseils, ou plutôt les ukases d’un gourou qui professe « je t’interdit de nettoyer ton canon autrement qu’avec 2 tampons de feutre et 1 tampon de Balistol ».
Là, je dis Il faut arrêter les c_____ies !
Essayons de voir ensemble pourquoi ?

Les tribulations d’une pauvre petite balle de 22 LR à son entrée dans le canon.

Essayons de voir quels supplices cette pauvre petite balle va devoir subir ?
Tout d’abord quel est son diamètre ? Qu’est-ce que j’ai sous la main ? Quelques RWS R50, diamètre 5,68 à 5,69 mm ; des Lapua Midas M, 5,67 mm ; des Midas L, 5,69 mm ; des Eley Tenex, 5,68 mm.
Donc notre petite balle a un diamètre compris entre 5,67 et 5,69 mm.
Quel est le diamètre à fond de rayures du canon ? 5,64 mm pour un bon canon.
Quel est le diamètre sur les bossages ? 5,51 mm, quelque fois moins.

Donc, pour rentrer dans le canon, notre pauvre petite balle va de voir maigrir en diamètre et supporter ces vilains bossages qui veulent aussi leur place. Comme le plomb n’est pas compressible, ceci ne peut se faire que par déplacement de métal et allongement de la pauvre petite balle. Et oui, notre petite va devoir grandir ! Comme les états de surface du canon ne sont pas parfaits, elle va perdre au passage quelques micro particules de plomb.

L’affreux, l’anneau de plomb.

Du plomb mélangé à du carbone va se déposer à la sortie de la chambre, juste avant la prise de rayures et former une sorte d’anneau. Plus on tire et plus l’anneau grossit. Et quand l’anneau grossit, il ne peut le faire que dans une seule direction, et le diamètre intérieur diminue progressivement.
Quel est le diamètre de la chambre, juste avant la prise de rayures, pour une chambre de match ? 5,71 à 5,72 mm.
Donc, dès que l’épaisseur de l’affreux anneau atteint 0,02 mm, oui vous avez bien lu 2 centièmes de millimètres, il commence à racler notre petite balle.
Quand il atteint une épaisseur de 4 à 5 centièmes, il racle tellement la balle que celle-ci ne peut plus faire étanchéité à fond de rayures. Fini la précision du canon.

Je vais revenir un instant sur notre pauvre extracteur.
Quand on chambre une cartouche, avec un tel affreux anneau, en fermant le verrou, les cames de fermeture aident à planter la pauvre petite balle dans l’anneau. Quand on veut extraire la cartouche sans l’avoir tirée, l’extracteur ne peut le supporter et saute par-dessus le bourrelet de la douille.
Ceci est un symptôme de la présence de l’affreux anneau.

Le nuage maudit.

Vous avez bien noté la présence des micro particules de plomb, il s’en produit d’autres quand l’affreux anneau racle la petite balle.
Derrière tout ça, il y a une flamme très chaude et des résidus de combustion. Les particules de plomb fondent et se mélangent aux particules de carbone pour former le nuage maudit qui va parcourir le canon.
En descendant le canon, le nuage va rencontrer des surfaces plus froides et dès que la température est assez froide, le nuage maudit va se condenser et le mélange plomb/carbone se déposer sur les parois.
Dans un canon de 22 LR qui n’est jamais bien chaud, cela se produit dès la sortie de la chambre et sur une longueur de l’ordre de 15 à 20 cm. Et cela rempli progressivement le fond des rayures.

Un seul remède, le Chevalier Nettoyage au secours de la petite balle.

On ne peut empêcher la formation de l’affreux anneau. On ne peut empêcher le nuage maudit de se déposer.
Par contre on peut les éliminer avant qu’ils ne deviennent néfastes. C’est le rôle du Chevalier Nettoyage, assisté de ses écuyers le Solvant et la Brosse en bronze phosphoreux.
Le solvant va aider à dissoudre les résidus de carbone et la brosse enlever mécaniquement le plomb.
Une brosse en bronze n’abîme pas un canon. Elle est plus tendre que l’acier du canon.
Le solvant doit être adapté, un solvant pour balles chemisées ne convient pas pour le 22 LR. Il faut employer un solvant spécifique sans ammoniaque (pas de cuivre à dissoudre).
Il faut une bonne baguette de nettoyage en une seule pièce et surtout un guide baguette qu’on place dans la culasse à la place du verrou. Cela évite d’esquinter la prise de rayures en guidant bien la baguette.

La procédure du Chevalier Nettoyage

Comme solvant, j’emploie du Rimfire Blend de chez Bore Tech en vente par exemple chez JPI (www.jarodprecision.com), pour l’appliquer j’emploie des patches de 1 pouce 1/8.

1. Passer 2 patches humidifiés avec le solvant.
2. Remplacer le pousse patche par la brosse en bronze sur la baguette ; mouiller la brosse avec le solvant, faire 10 aller retour.
3. Remouiller la brosse et refaire 10 aller retour. Nettoyer la brosse avec de l’essence C et la ranger pour le prochain nettoyage.
4. Passer 2 patches secs pour sécher le canon.

Notre canon est presque prêt pour le prochain tir, il reste à le reconditionner.
Et oui, notre petite balle n’aime pas circuler dans un canon sec.
A l’usine elle a été enduite d’un mélange savant, souvent a base de graisse et de cire d’abeille. Le canon doit être enduit d’un film de ce lubrifiant. Pour reconstituer le film il faut tirer entre 15 et 20 balles.
Au passage, ce lubrifiant est très important. Ne dégraissez jamais vos balles !!!
Revenons à la reconstitution de notre film lubrifiant. Il faut trouver un copain tireur à la poudre noire et lui demander un peu de la graisse utilisée pour graisser ses balles plomb. C’est souvent un mélange de suif et de cire d’abeilles. Celle que j’utilise est en plus bleue et parfumée à la lavande ; c’est très chic.
On met un tout petit peu de cette graisse sur un patche et on le passe dans le canon en faisant de très petits aller retour en avançant progressivement.

Au tir la première balle est un peu haute, la deuxième moins haute et la troisième au bon endroit.
C’est pourquoi je tire 3 balles en dehors de la cible après chaque nettoyage.

Quand le Chevalier Nettoyage doit-il intervenir ?

Et bien, c’est variable selon l’état de surface des canons. L’anneau de plomb peut atteindre l’épaisseur critique entre 200 et 400 coups.
En 22 Hunter, après chaque carton (environ 50 coups), le canon encore chaud, je passe 2 patchs secs et je reconditionne le canon. Je fais la procédure complète après chaque match par acquit de conscience.

Un conseil, pour le bonheur de la petite balle, nettoyez vos canons !!!

Daoufred a écrit:Tu peux utiliser le protocole de feu Jean-Louis Espinet (The Pigman) de nettoyage et de reconditionnement du canon de ta carabine.

Tout à fait d'accord avec toi avec cette méthode de nettoyage, avec ce procédé le groupement revient au bout de 5 cartouches environ.
Pour le test de munitions je tir les cartouches de marque différente à la suite sans nettoyer entre chaque marque.

Pour ce qui est de mes test de munitions, je me contente de passer 2 patch entres les différentes munitions essayées

Perso., je procède de la manière suivante:
-avant chaque séance de tir, je passe 2 à 3 patchs secs + 1 patch à la graisse bleu;
-je tire (à 50 m) quelques dizaines de munitions à pas cher ou moins réputées (Remington Thunderbolt, Selliet & Bellot standard LRN...) pour conditionner le tube;
-J'attaque les tests de la moins chère cartouche ou la moins réputée à la plus chère ou la plus réputée et je ne touche plus au canon durant l'ensemble des tests;
-pour chaque modèle de cartouches, je tire 10 cart. dans un blason de "flambage" et 10 cart. dans 1 blason de "test";
-Si une munition ne groupe pas immédiatement, je la teste à nouveau lors d'une prochaine séance en changeant l'ordre de passage pour donner sa chance à toutes les mun.;
-Si une munition groupe bien d'emblée, je confirme par des tests à 100 m;
-Si une munition refuse de grouper (peu importe la marque, le modèle ou le prix d'achat...) au bout de 1 à 2 boites de 50, je n'en achète plus;
-J'achète et je conserve une quantité appréciable de toutes les munitions qui ont bien fonctionnées à 50 et 100 m;
En fin de séance (après le tire d'au moins 3/400 cartouches), je passe l'écouvillon laiton avec du produit solvant poudre & déplombant genre "Armistol" + quelques patch secs puis 1 patch de graisse bleu.
PS: je m'interdis le flambage des munitions directement dans les butes de tire, toute cartouche tirée doit impérativement traverser 1 blason, je tire de la manière la plus sérieuse possible toutes les cartouches que j'achète, y compris celles qui refusent de grouper, juste par respect pour le porte monnaie... Si une munition ne groupe pas alors que l'on s'est appliqué, c'est assurément une mauvaise cartouche pour l'arme considérée...

Merci Daoufred pour le rappel concernant la procédure de Jean-Louis ESPINET que je connaissais ; je parle de la procédure et malheureusement pas de Jean-Louis ESPINET... Quoi qu'il en soit, c'est globalement la procédure que je pratique pour les "gros" nettoyages de mes carabines en .22lr, environ tout les 3-400 coups. Par contre, lors des tests de munitions, je ne pratique pas ainsi et c'est justement pourquoi j'en appelais à vos lumières et je vous remercie tous de vos réponses.

Je vois que nous procédons de manière comparable avec Titi.4600 et c'est ce qui me paraissait le plus simple sans en arriver à la méthode de Willi. Merci à vous deux.

Quant à la méthode exposée par AL34, j'ai des camarades de stand qui procèdent de façon comparable en commençant par tirer des munitions bon marché pour conditionner leurs tubes avant d'attaquer les choses sérieuses avec des munitions plus onéreuses. J'ai toujours été dubitatif sur le fait de conditionner ou chauffer son canon avec une munitions, quelle qu'elle soit, pour tirer en match une autre munition mais, si le résultat est là, pourquoi pas ?! Par contre, je suis tout à fait d'accord sur le fait qu'il faut refaire des essais avec différentes conditions afin de s'assurer de la valeur du test et acheter les bonnes munitions en quantité. Quoi qu'il en soit, nettoyage ou pas, tu tires 10 cartouches de flambage ou de conditionnement avant de passer sur le test lui même et c'est ce point là qui m'intéresse, merci  

Nous avons donc un processus de nettoyage similaire, je fais un nettoyage complet du canon dès que je constate que les groupements commencent à s'ouvrir, sur ma Sako quad j'ai constaté que ça n'arrive qu'autours de 700/800 coups avec la SK Rifle Match.

Titi.4600, c'est justement pour ma SAKO Quad que je voudrais recommencer les tests, maintenant qu'elle est équipée de l'ancienne crosse GRS de Nounours...