Lunettes pour le tir sportif à longue distance

Mis à part les disciplines de tir exclusivement réservées aux fusils équipés d'instruments de visée mécaniques, les lunettes constituent un accessoire incontournable de la pratique du tir à longue distance dans le cadre des compétitions organisées par les instances nationales ou internationales.

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Valeur étalon moderne de l’optique de tir professionnelle, la Schmidt & Bender PMII 5-25x56, premier plan focal et réglage en millièmes, est un excellent choix pour le tireur sportif

Cet article sera principalement consacré à une utilisation sportive des optiques de tir, leur emploi professionnel étant un sujet tout aussi vaste et qui ne peut être correctement exposé ici. Il n'en demeure pas moins qu'un grand nombre de caractéristiques restent commun au monde sportif comme professionnel.

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Sako TRG42 équipé d’une lunette Schmidt & Bender PMII 3-12X50 mais avec réglages en minutes d’angle

Un choix pléthorique

La consultation du moindre site marchant en ligne, la visite d'une armurerie un tant soit peu spécialisée, ou la lecture des catalogues de ces deniers, malheureusement de moins en moins disponibles sous le format papier, donnent une indication rapide de l'immense choix de lunettes de visée proposé à l'amateur de tir à longue distance. Comment s'y retrouver entre toutes ces marques, ces caractéristiques, ces réticules et accessoires ? Le  débutant peut être rapidement perdu, voir rebuté, devant tant de variété, surtout s'il est peu ou mal conseillé.

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Réticule P4 Fine sur une lunette Schmidt & Bender PMII 5-25x56 monté au premier plan focal. Le grossissement est ici réglé à son minimum

En matière de choix d'optique, il n'est pourtant qu'une constante : la qualité se paie ! Reste à trouver le juste milieu entre le contenu de votre porte-monnaie, les caractéristiques de votre future lunette nécessaires à la discipline voulant être pratiquée, et la qualité de l'optique choisie. Cruel dilemme dont nous allons essayer ici d'apporter quelques lumières…

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Le même réticule, mais cette fois-ci au grossissement maximum, soit 25 X. Aucune marque, quelle qu’elle soit, n’est à abri de défauts : cet exemplaire de Schmidt & Bender, pourtant de retour de SAV, comporte toujours une « bulle » peut-être due à un excès de colle

Rappelons rapidement que les lunettes sont référencées par une suite de chiffres, plus ou moins ésotériques pour le néophyte. Ainsi 10x40 signifie qu'il s'agit d'un modèle avec un grossissement fixe de 10 fois et d'un diamètre d'objectif, ou lentille frontale, de 40 mm. Une 3,5-15x56 indique une optique à grossissement variable de 3,5 à 15 fois avec un diamètre d'objectif de 56 mm. Critère important, qui caractérise aussi le classement de la gamme de lunette : le diamètre du corps de celle-ci. Il s'agit de la partie cylindrique qui renferme, entre-autre, un second tube contenant le réticule et son mécanisme de déplacement.

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Le réticule Mil-Dot dans sa forme la plus dépouillée est à privilégier et constitue un choix judicieux, tant pour le tireur sportif que professionnel

L'augmentation constante de ce diamètre est passée avec les années de 1 pouce (25,4 mm) à 30 mm, puis 34 mm, pour atteindre aujourd’hui jusqu'à 35 ou 40 mm. Un des arguments justifiant ces dimensions plus importantes serait de permettre l’accroissement de la transmission de la lumière au travers de lentilles dont la surface est plus grande. Si cet avantage reste à démontrer en pratique, l'augmentation de la distance entre le corps de la lunette et le tube intérieur permet normalement de disposer d'une plage de réglage majorée. Si le tireur envisage de participer à des compétitions où les cibles sont disposées à plus de 1 000 mètres, cet aspect est à prendre particulièrement en compte.

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Cette lunette S&B comporte un tambour de hausse dont l’ensemble des réglages est disponible sur un tour unique. Des valeurs de distances sont gravées en suppléments : elles ne constituent qu’une indication toute relative d’un chargement déterminé et dans des conditions données

Dis-moi d'où tu viens, je te dirais qui tu es...

La marque de la lunette est un critère permettant de situer globalement la hiérarchie de celle-ci dans l'échelle de la qualité, tant mécanique qu'optique. Il convient évidemment de nuancer immédiatement ce propos : chaque fabricant dispose en général de plusieurs gammes de lunettes dont les performances sont directement liées à leur prix de vente. Théoriquement plus c'est cher, et mieux c'est. Cependant chacun est libre de penser qu'une lunette acquise neuve à vil prix a des performances similaires à celles d’autres marques dix à trente fois plus coûteuses.

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Les tambours de hausse et de direction doivent clairement indiquer le type réglage correspondant à un clic, ici 0,1 millième

La localisation géographique de l'usine de fabrication, et/ou de montage, donne déjà une bonne indication de ce que l'on peut attendre des résultats.
En bas de l'échelle, nous trouvons donc toutes les fabrications asiatiques, dont les prix très alléchants ne doivent pas masquer les carences de ces produits. Au départ essentiellement destinées aux pratiquants de l'Airsoft, les caractéristiques sur le papier de ces lunettes trouvent rapidement leurs limites sur le terrain. Un diamètre d'objectif ou de corps de lunette n'est pas un critère comparatif suffisant. De même qu'un fort grossissement n'est aucun cas un gage de qualité.

Porter son choix sur une lunette vendue à mois de 100 €, frais de port compris, sur les sites en ligne bien connus, peut s'avérer être très rapidement décevant : impossibilité d'effectuer un réglage correct, de déverrouiller les vis des tambours de hausse et de direction, réticule fantaisiste, désaligné, valeur du clic improbable, absence de répétabilité des réglages, mise au point de l'image irréalisable, contraste et définition déficients, image « laiteuse », notamment sur les plages extrêmes de grossissement, etc. Passons sur les tambours qui tournent dans le vide, sur les colliers, livrés bien sûr gracieusement avec la lunette, en alliage d’aluminium incertain, plus ou moins décentrés et assurant à terme des pas de vis de blocage plus ou moins foirés…

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L'intensité de l'éclairage du réticule lumineux est ajustée avec ce tambour de réglage

Il peut évidemment exister des exceptions, qui demandent cependant à être soumises à l’épreuve du temps… et du terrain ! Même dans le cadre d'une utilisation exclusivement sportive, les lunettes sont soumises à un régime difficile. L'essentiel des compétitions de tir à longue distance se déroulant en plein air (tous le monde ne dispose pas de stand de tir « grand luxe » tel que celui du CNTS), le tireur comme le matériel est soumis  aux aléas climatiques, et donc aux intempéries, comme au gel ou aux fortes chaleurs. Les calibres couramment usités pour le TLD ont un recul significativement plus important que celui du .22 LR, et à plus forte raison de l'Airsoft. Une lunette doit pouvoir supporter les affres de milliers de coups, que ce soit de petit calibre comme le .223 Remington, jusqu'aux .338 Lapua Magnum, sans compter les .408 CheyTac et autres .50 BMG.  Les disciplines plus dynamiques, telles que le PRS ou le CSR, nécessitent en plus une manipulation parfois virile de l'arme et de son optique. Il ne me semble pas que les pratiquants habituels de ces compétitions soient de grands adeptes des productions asiatiques d'entrée de gamme…

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Les lunettes de l’ex bloc de l’est sont gravées en millièmes depuis le second conflit mondial. Si la qualité optique est en deçà de ses concurrentes germaniques, leur solidité et leur simplicité restent avérées, en tout cas pour les vrais modèles militaires

Mais pour reprendre une expression à la mode : pas d'amalgame ! Toutes les productions asiatiques ne se valent pas, et certaines marques connues, et reconnues, n'hésitent pas à sous-traiter une partie de leur production en Chine, aux Philippines, ou en Thaïlande. Celle-ci ne concerne cependant que l'entrée de gamme, très rarement le milieu de gamme. Exception notoire : le Japon : les optiques nippones offrent un niveau de qualité très respectable. NIKON reste un des leaders mondiaux des objectifs photographiques, ses capacités à produire des lunettes correspondantes aux attentes d'un tireur à longue distance ne font pas doute. Si la gamme Prostaff reste limitée au calibre .22 LR, les Monarch restent des optiques de milieux de gamme, dont on regrettera le faible débattement du tambour de hausse. Hakko, en son temps, avait mis sur le marché quelques bonnes lunettes dont la production semble avoir été reprise par JAL, Japan Optics Ltd, mais dont la distribution paraît limitée de ce côté-ci du continent. Les lunettes MARCH, bien que commercialisées par une société britannique, sont exclusivement réalisées au Japon.

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La gamme « High Power » de Schmidt & Bender offre un rapport de grossissement sensiblement plus important que les modèles précédents, on passe ainsi à un rapport de 9 fois au lieu de 4 ou 5 (3-27 au lieu de 3-12 ou 5-25)


Une partie des fabricants d'optiques américains, mais aussi européens, sous-traite une part non négligeable de leur production, qu'il s'agisse de lunettes complètes ou de pièces telles que les corps ou les lentilles. C'est par exemple le cas de Vortex dont les lentilles sont produites aux Philippines, mais aussi de Nightforce au Japon, Bushnell en Chine. Dresser la liste exhaustive des sous-traitants asiatiques des fabricants réputés reste une gageure, certains restant très discret à ce sujet, ou ne voulant parfois tout simplement pas le reconnaître.

Les producteurs d'optiques de tir américains ont longtemps régné sans partage sur le marché des lunettes de tir à longue distance. Il est vrai que ces disciplines sont notablement plus pratiquées dans le monde anglo-saxon que sur le vieux continent européen. L’essor des compétitions de TLD avec optique date surtout du début des années 1970. Depuis elle ne s'est jamais démentie, bien au contraire, pour compter de plus en plus d'adeptes, notamment en France. Si pendant longtemps les lunettes d'origine européenne, germanique notamment, se cantonnaient au domaine de la chasse, il n'en est plus de même depuis une dizaine d'années.

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Sur les lunettes avec tambour de hausse à double tour, un détrompeur permet de savoir si le réglage est effectué sur le premier ou le second. Ici le nombre de tours est matérialisé par un indicateur de couleur sur la partie supérieure du tambour : en noir premier tour, en jaune second tour

Leupold est un des leaders incontestés de ce marché. Leur production n'a eu de cesse d'évoluer et de s'adapter au milieu du tir sportif comme à celui des professionnels. Mais sa suprématie d'un temps est aujourd'hui disputée par de nouveaux venus, inconnus il y 20 ans. Citons Nightforce et US Optics, principaux concurrents américains, mais aussi le canadien Vortex qui fait depuis quelques années une arrivée remarquée sur ce marché. D'autres fabricants historiques US restent toujours dans la course, mais sans vraiment concurrencer les produits haut de gamme des trois marques citées, tel Bushnell, Burris, Tasco, Redfield. Leatherwood / Hi-Lux ne propose plus que des lunettes sous-traitées en Asie.

Les lunettes européennes, et notamment allemandes et autrichiennes, ont toujours été synonymes de qualité, et à juste raison ! Leur finition et le traitement des lentilles les placent d'emblée dans le peloton de tête. Cantonné longtemps au domaine de la chasse, à quelques exceptions prêt, les fabricants germaniques se sont de plus en plus intéressés au marché du tir professionnel, et par rebond à celui du tir sportif. Les performances de ces optiques et leur adaptation aux nouvelles demandes a entraîné un succès mérité, aussi bien de ce côté-ci de l'Atlantique, que sur le continent américain. Cependant la qualité se paie, ce qui les classe définitivement dans la gamme la plus élevée de prix. Il n'en demeure pas moi que la demande pour ces lunettes est tellement forte qu'il est parfois difficile d'acquérir le modèle souhaité : la rançon de la victoire sans doute… Que ce soit une Schmidt & Bender, ou une Hensold, Steiner, Khales, Swarowski, il est bien difficile de se tromper.

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Autre type de détrompeur sur tambour de hausse à double tour : cette fois-ci il s’agit d’un indicateur tactile. Lorsque la partie supérieure de la tourelle est escamotée, le réglage est sur le premier tour, lorsqu’elle fait saillie, il s’agit du second tour. L’avantage de ce système par rapport à celui des couleurs est de pouvoir être facilement identifiable, même de nuit


Minutes d'angle et millièmes

Concernant les réglages, en fait le déplacement du tube interne contenant le réticule situé à l'intérieur du corps de la lunette, il existe deux grandes familles : celles des minutes d'angles (MDA en français, MOA pour Minute Of Angle en anglais), et celles des millièmes (symbole       ).

Issue du système impérial, la minute d'angle est une unité de mesure d'angle (!) représentant 1,047 inches à 100 yards (91,44 m). Par mesure de simplification, le tireur européen retiendra la valeur de 2,9 cm à 100 m. Pendant très longtemps, cette unité a très majoritairement équipée les lunettes de tir des armes sportives comme militaires du continent américain, et par voie de conséquence celles des tireurs européens. Aucune difficulté du côté du Royaume-Uni et de ses satellites parfaitement habitués au système impérial, un peu moins facile pour les continentaux employant le Système International dont les prémices datent de la Révolution Française.

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Tambour de hausse de lunette Schmidt & Bender PMII : la plage de réglage maximale disponible est de 26 millièmes. Une contre-visée au réticule permet d’augmenter la distance de tir

Le millième, ou mil angulaire, est aussi une unité de mesure d'angle à connotation essentiellement militaire, servant notamment pour les instruments de pointage. On notera qu'il existe plusieurs types de millièmes. Celui normalisé OTAN représente 1/6 400 d'une révolution à 360°, sensiblement équivalent au milliradian. Le millième soviétique et finlandais n'est que de 1/6 000 d'une révolution, alors que le suédois est de 1/ 6 300. Inutile de retenir tous ces chiffres ou de rentrer dans le détail, le millième est une unité caractérisée avant tout par sa simplicité, ce qui fait sa supériorité indiscutable sur la minute d'angle. Pour les Européens habitués au système métrique, son utilisation est déconcertante de facilité. Il suffit de retenir qu'un millième correspond à une valeur de 10 cm à la distance de 100 mètres. Il convient ensuite de faire varier proportionnellement cette valeur en fonction de la distance : un millième représente ainsi 5 cm à 50 m, 20 cm à 200 m, 1 m à 1 000 m, etc.

Tambours de hausse et de direction

Les tambours ou tourelles de hausse et de direction de la lunette relèvent donc soit du système de la minute d'angle, soit du millième. Ils sont gravés avec une fraction de valeur d'un de ces deux systèmes. Lorsque le tireur fait tourner un tambour, le réticule contenu dans la lunette se déplace avec un pas correspondant en théorie au type de réglage. Les valeurs généralement rencontrées pour les lunettes en minutes d'angle sont principalement le 1/4 de MDA, soit une correction de 0,7 cm à 100 m. Cette valeur de « clic », longtemps très majoritaire sur les lunettes destinées au tir sportif comme professionnel, n'est parfois pas suffisante. En fonction de la distance et des dimensions des cibles zonées à atteindre, un réglage plus fin peut être nécessaire. Prenons l'exemple d'une C200 dont le visuel mesure 80 cm de diamètre et le « 10 » 8 cm, la largeur d'une zone de point n'est que de 4 cm. Lors des compétitions organisées en France par quelques Clubs Sportifs et Artistiques affiliés à la Fédération des Club de la Défense, les distances d'engagement de la C200 s'étagent de 600 à 1 000 m. A 600 m, un clic ayant la valeur d'un quart de MDA déplace le point visé de 4,35 cm (valeur approchée), soit à peu près une zone de point. Si la distance augmente jusqu'à 1 000 m, ce même clic déplacera le point visé de 7,25 cm, soit presque deux zones. Lorsque les conditions de tir sont optimales et que les tireurs disposent d'un matériel aux performances globalement équivalentes, ce point de détail peut faire la différence. C'est pourquoi des lunettes spécifiquement dédiées aux tireurs sportifs disposent de réglage en 1/8ème de MDA. Au départ destiné aux tireurs de Bench Rest 100 et 200 yards, l'emploi de ce type d'optiques s'est démocratisé auprès des pratiquants de BR à courte distance (.22 Hunter), comme à de plus longues (F-Class, BR 1000).

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Certaines lunettes comportent des tambours de hausse avec une plage de réglage importante à chaque tour. Cette Ior Valdada roumaine propose 25 minutes d’angle par tour avec des clics d’1/4 de MDA

Quelques lunettes, principalement destinées au marché militaire, mais tout à fait utilisables pour certaines compétitions sportives, sont graduées en minutes d'angle complètes. C'est par exemple le cas des Leupold MKIV M3 réglementaires du SWS M24 de l'US Army.
Plus rarement, on peut trouver des optiques dont les réglages sont en 1/3 de MDA. C'est un peu le serpent qui se mord la queue, un clic correspondant à environ 0,9 mm, soit peu ou prou 0,1 millième…

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Lorsque le réticule est monté sur le second plan focal, il reste invariable quelque soit le grossissement. Pour que les valeurs entre deux dots correspondent bien à un millième pour un réticule MilDot, la lunette doit être réglée sur un grossissement de référence, ici 12 fois

Les lunettes relevant du système du millième sont quasi universellement graduées par dixième de millième, la valeur d'un clic représentant un déplacement du réticule de 1 cm à 100 m, 2cm à 200 m, etc. Le calcul des corrections est par conséquence grandement facilité : un écart de 30 cm à 600 m correspondant à 0,5 millième, 0,3 à 1 000 m. Il existe cependant des exceptions, quelques lunettes étant graduées par 0,05 millième pour affiner les réglages, comme certaines MARCH.

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La plage de réglage en hauteur doit être en rapport avec les distances de tir voulant être atteinte. Cette lunette avec une plage de seulement 13 millièmes risque de limiter la distance d’utilisation de ce fusil en calibre .50 BMG

Conversion facile ?

Une comparaison rapide des deux systèmes démontre très rapidement la difficulté de gestion du système impérial pour un Européen. Lorsqu'il s'agit d'effectuer une correction pour compenser le décalage d'un groupement par rapport au centre d'une cible, le tireur doit se plonger dans des conversions combinant minutes d'angle et cm. Là où un simple calcul mental suffit avec le système du millième, il est parfois nécessaire de sortir la calculatrice avec celui de la MDA. Extrapoler des corrections en MDA à partir de l'observation avec un réticule de type Mil-Dot, implique des calculs qui sont inexistants avec une lunette en millième. Le tableau reproduit ci-contre indique les conversions les plus usitées de nos lunettes de tir.

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L’interprétation du réglage d'un tambour est parfois rendue délicate par l'agencement de la lunette. Chaque tambour est gradué à un pas spécifique, généralement 1/4 de MDA ou 0,1 millième. En fonction de l'étendue de la plage de réglage, le nombre de clic à gérer est important. Pour une lunette avec une plage de 80 MDA , 320 clics sont disponibles (80 multipliés par 4 pour du 1/4 de MDA), pour une autre avec 26 millièmes, c'est 260 clics à gérer (26 multipliés par 10 pour du 0,1 mil). Ainsi le nombre de graduations pris en compte par un tour complet de tambour déterminera le nombre de tours maximums de la lunette. Pour reprendre les exemples précédents, si le tambour de hausse de l'optique avec 80 MDA de débattement maximal compte 12 MDA au tour, 6 tours et demi seront disponibles.

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Lunette Schmidt & Bender PMII avec réglages en minutes d’angle : comparez le tambour de hausse sensiblement plus chargé que celui avec réglages en millièmes…

Pour celle en millièmes, avec des tambours de 5 millièmes au tour, le débattement maximum sera de 5 tours. Pour compter le nombre de tour, le tireur doit se fixer sur les repères de l'axe supportant le tambour. Lorsqu'il n'y a qu'un seul tour à gérer, aucun risque de se tromper. S'il s'agit d'un tambour à double tour, un détrompeur de couleur ou un indicateur limitent les problèmes d'interprétation. C'est le cas par exemple de certaines lunettes Schmidt & Bender avec un débattement maximum de 26 millièmes pour 13 millièmes au tour. Si ce système est bien supérieur à ceux où plus de 2 tours sont à gérer, il n'empêche pas le tireur distrait de se tromper.

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Cette lunette March dispose de réglages en 1/8ème de minute d’angle destinés principalement aux tireurs de Bench Rest, mais plus délicate d’emploi pour un pratiquant de PRS ou de CSR

Au delà de 2 tours de tambour, les risques d'erreur deviennent plus importants, surtout lorsqu'un tour complet n'a pas une valeur ronde telle que 10 MDA ou 10 millièmes. Prenons l'exemple d'une Bushnell Elite 3200 10x40 et d'une Leupold MKIV M1, longtemps valeur de référence du tir à longue distance. Une révolution complète de tourelle sur la Bushnell déplace le réticule de 10 MDA pour 15 sur la Leupold. Une fois le réglage initial effectué et le trait de référence repéré sur l'axe de tambour, 5 tours de tambour sur la première correspondent à 50 MDA, facile : 5 x 10 = 50. Mais concernant la seconde, c'est un peu plus complexe, 5 tours de tambour aboutissant à 75 MDA. Lors des changements rapides de réglage, les risques de confusions n'en sont qu'augmentés.

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Weaver T36 : lunette d’entrée de gamme pour les tireurs de Bench Rest ou de .22 Hunter, sa faible plage de réglage peut se révéler un handicap sur les longues distances

Qualité optique et traitement des lentilles

La qualité de l'image rendue par la lunette est dépendante de celle des lentilles la composant et de l'assemblage de l'ensemble. Les processus de fabrication et de finition, de même que les revêtements des lentilles permettent de limiter la dégradation de la qualité de l'image. Les aberrations chromatiques et géométrique constituent les principaux problèmes de perte de rendu.

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Certains réticules tel celui-ci, passés de mode dans le milieu professionnel (pour cause), ne présentent aucun avantage pour le tir sportif à longue distance

L’aberration chromatique, résultant de la décomposition de la lumière blanche en plusieurs bandes de couleurs, génère une image floue avec des contours irisés. Il en résulte une sensation de perte de piqué (résolution et contraste local) de l'image. L'utilisation de verres optique de haute qualité contenant entre-autre de la fluorine, de même que le traitement de surface, permettent de limiter cet effet.
Les aberrations géométriques, sphérique en ce qui nous concerne, empêche la focalisation des rayons sur un même point. En clair une partie de l'image sera déformée alors qu'une autre partie sera parfaitement nette. Ce phénomène peut facilement être observé sur les bords extérieurs des lentilles lorsqu’un des tambours de réglage est en butée.

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Ce tambour de direction d’une lunette Biélorusse permet un réglage sans ambiguïté même si le débattement dans un sens ou l’autre reste limité à 4 millièmes

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Mire de résolution USAF 1951 : à imprimer au format A3, puis à placer à 100 ou 200 m pour effectuer quelques comparaisons. Cela fait parfois des déçus…

Plus la résolution et le piqué de l'image sont bons, meilleur sera le confort de visée. Les forts grossissements permettent de déterminer rapidement les qualités d'une lunette. L’utilisation d'une mire de résolution, telle que celle de l'USAF (1) modèle 1951, permet d'évaluer les performances globales d'une lunette. Il existe une multitude de ces mires à télécharger gratuitement sur Internet. La comparaison de lunettes bas de gamme avec celles de haute gamme est sans appel.

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La qualité des lunettes Swarovski reste parmi les meilleures, même si le choix proposé reste limité

Fiabilité mécanique et répétabilité des réglages

Critère prépondérant d'une optique destinée au tir à longue distance, la fiabilité mécanique et la répétabilité des réglages prennent le pas sur les qualités optiques. La lunette équipée des meilleures lentilles du monde n'est d'aucune utilité si les clics des tambours de hausse et de direction ne déplacent pas le réticule toujours de la même valeur. Celle-ci doit être identique sur toute la plage de réglage, et surtout conserver une répétabilité dans la durée.
De même, il convient de vérifier si les valeurs de clic annoncées par le constructeur correspondent bien à la réalité.

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Tambour de hausse d’une Leupold MKIV avec 15 minutes d’angle au tour. Si on n’a pas bien repéré le repère de son réglage initial, on est très vite perdu…

Pour cela, le tireur peut procéder à un test très simple, dit « du carré ». Une cible type C200 retournée est installée à 100 ou 200 mètres. La distance entre celle-ci et le milieu de la lunette, (où se trouve à quelques cm près le réticule), doit être soigneusement vérifiée à l'aide d'un mètre d'arpenteur, la fiabilité de certains télémètres étant sujette à caution. Un visuel est placé au centre de la cible blanche. Trois cartouches sont tirées sur ce point afin de vérifier la concordance du réglage. Ensuite le tireur peut, à sa convenance, procéder à une séquence de tir alternant réglages en hausse et en direction.

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Le tambour de direction de cette Leupold MKIV est identique à celui de hausse. Plusieurs tours étant disponibles, les risques d’erreurs sont sensiblement augmenté comparés au réglage simple tour d’une lunette en millièmes

Par exemple à 100 mètres, avec une lunette en millièmes à partir du point central sur une C200, appliquer une correction de 3 millièmes en bas, puis 6 millièmes en haut, puis 3 millièmes en bas avec 3 millièmes à gauche, continuer par 6 millièmes à droite et finir par 3 millièmes à gauche pour confirmer le retour au réglage initial. L'opération peut être recommencée plusieurs fois.

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Les lunettes issues du monde professionnel avec réticules avec correction de hausse pré-établie, telle cette S&B équipant les FR-G2 de l’armée de l’air, restent de beaux objets de collection, mais n’ont qu’un intérêt très limité pour le tir sportif

Chacun peut faire varier à sa guise ce test simple, le but étant de relever les distances entre chaque groupement pour vérifier les véritables valeurs de réglage de sa lunette. Il y a parfois des surprises… Tout décalage par rapport aux valeurs théoriques de réglage de la lunette doit être pris en compte pour le calcul de correction de la trajectoire de sa munition.

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Lunette NightForce NXS : avec un réglage de 10 MDA au tour, c’est une amélioration sensible comparée aux 15 MDA des Leupold MKIV. Mais avec une dizaine de tours disponibles en hausse, il est toujours possible de commettre une erreur

Premier ou second plan focal ?

Sur une lunette à grossissement fixe, le choix ne se pose évidemment pas ! En revanche, lorsque l'optique dispose d'un grossissement variable, le réticule peut être situé soit sur le premier plan focal (FFP First Focal Plane) soit au second plan focal (SFP Second Focal Plane).

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Ce réticule NP1-RR d’une lunette NightForce, monté sur le second plan focal, est l’archétype de ce qu’il faut éviter en tir sportif comme professionnel : surchargé avec des repères de contre-visée globalement inexploitable

Dans le premier cas, les dimensions du réticule vont varier proportionnellement au grossissement, c'est à dire que quel que soit le zoom, l'espacement entre deux repères du réticule sera toujours de la même valeur. Avantage de ce système : pour effectuer une contre-visée ou une estimation de distance, impossible de se tromper à cause d'une variation de la valeur des espacements du réticule. Petit désavantage : avec certains réticules, l'utilisation du grossissement maximum amène un épaississement de la largeur des traits du réticule, pouvant dans certains cas masquer ou gêner la prise de visée sur une cible de dimension réduite. Pour limiter cet effet, certains fabricants proposent des réticules dits « fins », tel le P4L Fine chez Schmidt & Bender.

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Le pare-soleil est un accessoire parfois utilisé avec les forts grossissements pour limiter les mirages dus à l’échauffement du canon

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Accessoire superflu pour certains, incontournable pour d’autres, le niveau à bulle, correctement monté, reste le meilleur moyen de contrôler son dévers. L’emploi du clinomètre est beaucoup plus limité dans le cadre du tir sportif

Dans le cas d'un réticule placé sur le second plan focal, les dimensions de celui-ci restent fixes, quelle que soit la valeur de zoom. La lunette comporte donc un grossissement de référence où chaque espace entre les repères du réticule correspondent à une valeur donnée. Par exemple sur une optique Nightforce NXS 5,5-22x56 avec réticule Mil-Dot, le grossissement de référence est à 22 fois : l'espace entre chaque Dot représente un millième. Si le zoom est baissé jusqu'à 11 fois, cet espacement représente 2 millièmes, à 5,5 fois il double encore, pour donner 4 millièmes. Le principal inconvénient de ce système est bien évidemment le risque de se tromper lors de contre-visées ou d'estimation de distance à l'aide du réticule si le grossissement n'est pas celui de référence, ou si le tireur n'a pas pris en compte le sa variation. Cependant un réticule monté sur le second plan focal n'a pas que des désavantages. Restant fixe, l'épaisseur des traits ne varient pas en fonction du grossissement. Le fait de pouvoir baisser le zoom permet de multiplier la valeur entre chaque espacement du réticule, ce qui permet d’augmenter les capacités de contre-visées lorsque le tambour de hausse est en butée.


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Variante du réticule Mil-Dot chez NightForce : les « dots » sont creux avec un point central permettant en théorie une meilleure visibilité. Le concept a été repris par d’autres fabricants d’optiques

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Les conduites de tir électroniques commencent  à arriver sur le marché. Ce système BORS de Barrett ne m’a toujours pas convaincu, mais c’est, paraît-il, « l’avenir » ?

Le choix du réticule

Plusieurs dizaines de réticules différents sont proposés par les fabricants de lunette pour un choix pléthorique. Chaque marque a tendance à arranger à sa sauce les modèles les plus connus. Pour un usage sportif, il suffit de se limiter à deux types. Le plus ancien est le réticule en forme de croix avec ses variables : Cross Hair, Duplex, Cross Dot, etc. Il s'agit tout simplement d'un trait vertical et d'un second horizontal dont le centre est parfois d'un point. Typiquement utilisé dans les compétitions de tir sur cibles zonées ou pour chercher le meilleur groupement, c'est le choix de prédilection des tireurs de Bench Rest. Issu du monde militaire, l'incontournable réticule Mil-Dot a parfaitement sa place dans le domaine du tir sportif. Particulièrement utile dans les compétitions de type PRS où l'estimation des distances doit se faire sans l'aide d'un télémètre, il permet d'effectuer des contre-visées rapides et précises, surtout lorsque le réticule est monté sur le premier plan focal.

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Steiner a fait une entrée remarquée dans le domaine des lunettes de tir professionnelles comme sportives. Se plaçant directement sur le créneau de la Schmidt & Bender PMII 5-25x56, elle est cependant un peu moins onéreuse

Il est aussi parfaitement à l'aise dans les compétitions de tir sur cibles zonées où une optique au second plan focal peut constituer un avantage. Cela a été par exemple le cas lors des journées d'inauguration du CNTS où la cible zonée à 600 m comportait un visuel noir de 1 m de diamètre mais sans aucun repère central blanc comme en F-Class. Dans ce cas, la prise de visée est loin d'être optimale. Une astuce permet de palier en partie à ce défaut : avec une lunette au second plan focal, il suffit de faire varier le grossissement jusqu'à encadrer le visuel avec les repères du réticule Mil-Dot, permettant ainsi un meilleur centrage de la visée.

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Même si cette lunette Hensoldt ZF 2,5-26x56, branche des produits militaire de ZEISS, offre des performances tout à fait intéressantes, son prix extrêmement élevé la met définitivement hors de portée de la bourse du tireur sportif moyen

Le choix du réticule dépend donc du type de compétition envisagée, le Mil-Dot étant incontestablement le plus polyvalent. On se gardera surtout de choisir un réticule trop chargé, à l'usage c'est le meilleur moyen de se tromper.

(1) USAF : United States Air Force

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Autre variante d’un tambour double tour avec réglage en millièmes : celui de cette Hensoldt ZF 2,5-26x56 est inutilement surchargé, pourquoi avoir indiqué des valeurs en dixièmes de millième ?

Je me suis trompé de rubrique pour ce sujet.
Il serait sans doute préférable de le déplacer dans la rubrique "lunettes"....

très intéressant...